Les vins de Tenerife, un patrimoine vivant entre volcans et traditions
- Cécile Barrès
- 30 avr.
- 3 min de lecture
Quand je suis arrivée à Tenerife, j'ai découvert sa culture viticole, particulièrement présente dans le nord de l'île, où la vigne façonne le paysage depuis des siècles.

Une tradition viticole ancienne
L’histoire du vin à Tenerife remonte à la conquête de l’île au XVe siècle. Les colons espagnols et portugais y introduisent alors la culture de la vigne, qui trouve rapidement des conditions idéales sur les pentes volcaniques du nord.
Dès le XVIe siècle, le vin canarien — et surtout le fameux vin doux Malvasía — gagne une grande renommée internationale. Il est exporté vers l’Angleterre, les Flandres et les colonies américaines. Shakespeare lui-même y fait allusion dans plusieurs de ses pièces ! Les ports du nord, comme Garachico, deviennent des plaques tournantes du commerce du vin.
Mais au XVIIIe siècle, les échanges commerciaux déclinent, notamment en raison des guerres, des changements d’alliances politiques et de catastrophes naturelles comme l’éruption de 1706. La production continue néanmoins, surtout pour une consommation locale, et de nombreuses familles perpétuent ce savoir-faire jusqu’à nos jours.
Une terre volcanique, des vins de caractère
Sur les pentes fertiles du nord de Tenerife, entre 300 et 1 200 mètres d’altitude, la vigne pousse dans un sol volcanique riche en minéraux. Ce terroir unique, combiné à un climat doux et humide, donne naissance à des vins au caractère bien trempé, souvent marqués par une belle fraîcheur, une minéralité et des arômes originaux.
Des cépages rares et préservés
Ce qui rend les vins de Tenerife encore plus intéressants, ce sont leurs cépages autochtones, que l’on ne trouve nulle part ailleurs. L’île a été épargnée par le phylloxéra, ce parasite qui a détruit une grande partie des vignes en Europe au XIXe siècle. Elle a ainsi conservé des variétés anciennes comme le Listán Negro, le Listán Blanco, le Negramoll ou encore le Malvasía Aromática.
Une viticulture entre tradition et renouveau
Les cinq principales appellations d’origine de l’île (Tacoronte-Acentejo, La Orotava, Ycoden-Daute-Isora, etc.) sont majoritairement situées dans le nord. On y trouve un patchwork de petits vignobles cultivés souvent à la main, en terrasse, parfois selon des techniques anciennes comme le système de cordons tressés dans la vallée de La Orotava.
Aujourd’hui, une nouvelle génération de viticulteurs, passionnés et créatifs, redonne ses lettres de noblesse aux vins de Tenerife. Leurs vins sont souvent produits en bio, ou avec une intervention minimale, pour laisser parler le terroir.
Le plaisir de la dégustation : guachinches et bodegas
Pour goûter ces vins dans un cadre authentique, rien ne vaut un guachinche : ces petites tavernes familiales typiques du nord de l’île proposent du vin maison accompagné de plats simples et savoureux, souvent à base de viande, pommes de terre et légumes locaux. Ces lieux rustiques et conviviaux sont idéaux pour vivre une expérience canarienne hors des sentiers battus.
Et pour une découverte plus approfondie, plusieurs bodegas du nord ouvrent leurs portes aux visiteurs. Parmi elles :
Bodega Monje (El Sauzal), connue pour ses visites, ses dégustations et ses événements culturels dans un cadre superbe avec vue sur la mer.
Viñátigo (La Guancha), une cave engagée dans la valorisation des cépages autochtones et la vinification artisanale.
A ne pas manquer : la Casa del Vino (El Sauzal)
Pour mieux comprendre cette richesse viticole, je vous recommande une visite à la Casa del Vino. Située à El Sauzal, dans une belle hacienda du XVIIe siècle, elle propose :
Un musée retraçant l’histoire du vin à Tenerife,
Une salle de dégustation avec vue sur l’Atlantique,
Un restaurant mettant à l’honneur les produits du terroir,
Et une boutique pour découvrir les vins des différentes régions de l’île.
Un lieu calme, agréable et enrichissant, parfait pour faire une pause entre deux excursions.

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